Historique de l’Abbaye de La Rochette

Le temps des difficultés

Contraste de tempérament. Ce quatrième abbatiat rappelle celui de Mère Sainte-Julienne qui fut tout de douceur et de modestie.

Contraste aussi des temps : à partir de 1900, les difficultés s’accumulent : menaces de persécutions, fermeture du pensionnat. On entrevoit un départ éventuel et on s’organise. On loue une maison au Piémont et on met à l’abri tous les objets de valeur. C’est une profonde perturbation dans la vie quotidienne.

La Rochette est sur la liste des Congrégations enseignantes frappées d’interdit, puis un liquidateur est nommé. La fermeture du pensionnat amène de lourds soucis financiers. Un ouvroir est organisé en communauté; bientôt il travaille à plein, tous les talents sont utilisés… et le cardinal Couillé, archevêque de Lyon, est toujours là pour « arranger les choses ».

Après ces quelques années dures, 1905 met fin aux angoisses: la nomination du liquidateur est cassée ; à cause de la maison Saint-Benoît, La Rochette est reconnue par le gouvernement comme Congrégation mixte : contemplative-hospitalière.

Cependant, les années suivantes voient s’accumuler maladies et deuils: 17 décès en trois ans. Mère Saint-Colomban elle-même tombe malade et ne peut plus faire face à ses obligations. Tout devient difficile.

C’est alors que, de nouveau, la Rochette fait appel à Pradines, et en 1910; arrivent deux moniales. L’une d’elles, Mère Marie-Anatole (Madeleine PAVAILLER), dont il a été question dans l’histoire du Sembel, sera pour la communauté un élément précieux, Elle est envoyée modestement comme sacristine, mais devient vite maîtresse des novices, Prieure et, un peu plus tard, Abbesse. Elle a connu les vicissitudes des événements: professeur au pensionnat du Sembe1, elle entre peu après au noviciat. Après la fermeture du monastère elle, suit sa sœur, Mère Saint-Antoine, à Pradines.

Enfin, c’est elle qui est choisie pour venir à La Rochette. Ces changements successifs la préparent providentiellement à l’Abbatiat comme elle-même le soulignera plus tard : « Déplacements rares dans la vie d’une moniale bénédictine », dit-elle, « l’influence de ces trois monastères m’a amenée à synthétiser l’esprit un peu différent de chacun pour le rôle auquel j’étais destinée ».

Privée par les lois laïques de l’enseignement qu’elle aimait, elle s’était plongée dans l’Écriture Sainte, dont elle acquit une connaissance très personnelle et savoureuse, connaissance qui profita dans la suite autant à ses auditrices qu’à elle-même.