Le château de Belmont en Savoie

Entre Savoie et Dauphiné

 

Le château de Belmont en Savoie est situé sur la route de Pont-de-Beauvoisin à Saint-Genix-sur-Guiers, au lieu-dit « Beauregard », à peu près à mi-distance des deux bourgs. Sur la rive droite du Guiers, il est donc en Savoie, mais à 200 m peut-être de la frontière que ce torrent a marquée entre Savoie et Dauphiné, ou Savoie et France.

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Eglise de Belmont-Tramonet

La commune “Belmont-Tramonet” est constituée de deux villages, distincts et séparés de 2 ou 3 kms : Belmont et Tramonet, qui furent réunis administrativement vers 1860. Ils ne forment aussi qu’une seule paroisse, bien que Tramonet ait conservé une charmante petite église ou plutôt chapelle. La commune n’atteint pas 600 habitants. Le village de Belmont est constitué en fait de plusieurs hameaux ou groupes de maisons, si bien qu’auprès de l’église et du presbytère il n’y a que la mairie-école et une seule habitation.

 

Au pied de la chaîne de l’Épine

Le château de Belmont en Savoie est située à 100 mètres environ de l’église, au bord d’un coteau orienté vers le midi et dominant le ruisseau du Thiez, qui vient du lac d’Aiguebelette, à quelques kilomètres en amont, et se jette dans le Guiers presque en face du monastère. Cette façade sud, proche de la route nationale, est précédée d’une terrasse d’où la vue s’étend par-delà la vallée et les ondulations verdoyantes du premier plan jusqu’aux monts de Chartreuse.

Vers le Nord-Est, l’horizon est borné par la chaîne de l’Épine toute proche.

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La chaîne de l’Epine – crédit photo Daniel Fournier

C’est ce paysage, plein de paix et d’harmonie, que l’on entrevoit à travers les arbres depuis le perron de l’entrée principale sur la façade Nord. De ce côté, on a une vue d’ensemble du château : bâtiment en fer à cheval comportant un étage au-dessus d’un rez-de-chaussée surélevé et coiffé d’un large toit à la Mansart. Le tout, d’un style classique très sobre, est plus proche d’une vaste maison de maître que d’un château.

 

La seigneurie de Belmont au XIIIe siècle

 

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Croquis du château de Belmont

Si le bâtiment actuel ne date que du XVIIIe siècle, il remplace sans doute une maison-forte beaucoup plus ancienne[1] car c’est depuis le XIIIe siècle que des actes notariés nous font connaître la seigneurie de Belmont. En 1283, un certain Berlion Rivoire reçoit du Prince Amédée de Savoie la juridiction de Belmont et Tramonet. Il est vraisemblable que le château lui fut attribué en même temps car, dans un acte du 25 novembre 1343, le propriétaire d’alors, Berlion lui aussi, passe reconnaissance pour Belmont, « laquelle terre est parvenue à son aïeul paternel par échange fait par le Comte de Savoie entre une partie de la terre du Pont le 3 des ides d’Août 1283 ».

Le 27 octobre 1345, Berlion vend son château de Belmont à Noble Louis Revoyrie, seigneur de Romagnieu, Domessin, Belmont… co-seigneur de Pont-de-Beauvoisin. La famille Rivoire (Ravoyrie ou Revoyerie) garde Belmont jusqu’en 1655 où Jacques Rivoire vend le château à Noble Sillon de Tillion, dont les descendants le conservent jusqu’en 1710.

A cette date, les Capucins de Chambéry, en faveur de qui Belmont avait été hypothéqué, en firent exproprier Pierre de Tillion et le vendirent à Claude-Louis Chevillard, baron du Bois et de Saint-Oyen. En 1780, lors d’une succession, Belmont est vendu de nouveau aux enchères publiques sur décision de justice, et acheté par un certain Pichat, de Pont-de-Beauvoisin. C’était sans doute un prête-nom et le château passa de ses mains en celles de François Perrin, baron d’Athénaz.

En 1849, à la mort du petit-neveu de François Perrin, Arthur d’Athénaz, c’est Xavier de Maistre qui reçoit le château de Belmont et fait donation à son neveu le chevalier Eloi de Buttet de tous les droits héréditaires qui lui sont parvenus « dans la succession dudit M. le Baron d’Athénaz ». A la suite de quoi M. de Buttet reçoit « le clos du château de Belmont, consistant en bâtiments divers, château, terrasse, cour, bosquets, jardins, vignes, prés, champs, bois de chênes et broussailles… » de la contenance totale de 28 journeaux 105 toises et 6 pieds, soit 8 hectares 33 ares et 37 centiares.

En 1893, les enfants de M. Eloi de Buttet vendent à M. Grégut « la propriété dénommée le clos du château comprenant le château de Belmont en forme de fer à cheval, construit en pierre …

Cette propriété d’un seul « tènement ». … de la superficie de 8 hectares, 40 ares, 40 centiares, d’après la contenance cadastrale, située en la commune, de Belmont-Tramonet.

M. Grégut ne put conserver le château qui, en 1895, fut saisi et vendu par adjudication. Il fut alors acquis par M. Antoine Jacquand de Lyon. Ses héritiers le vendirent 60 ans plus tard en 1957. Enfin, après deux autres ventes successives; nous en devînmes propriétaires au mois de juin 1967.

 

Le tour du propriétaire

La propriété comprend environ 8 hectares comme il y a un siècle, mais les vignes, alors mentionnées, ont disparu. Des chênes, il n’en reste qu’une sixaine dont deux ou trois très beaux et connus des environs, surtout « le gros chêne », à l’angle sud-ouest, au croisement de la route de Saint-Genix et du chemin « des Creuses ».

La propriété est plaisante avec ses prés toujours verts, ses allées boisées descendant vers le ruisseau du Thiez qui la limite en bas. Ce paysage harmonieux prend toute sa beauté au coucher du soleil lorsque les sommets neigeux de la Chartreuse ou les rochers de l’Epine s’irrisent de toutes les teintes du rose et du mauve, ou lorsque la lune en son plein surgit au-dessus des montagnes.

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Massif de la Chartreuse depuis l’église de Belmont

Tout dans le cadre qui nous entoure favorise la louange et l’action de grâce.

 


[1] Cet aperçu de l’histoire du château de Belmont en Savoie est rédigé d’après une étude faite par son propriétaire précédent, sur consultation des Archives de Chambéry.